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Foot et Management - AiméJacquet

Foot et management : même combat !

Dans son livre – le BA-ba du Management – Pierre Guilbert raconte des histoires. C’est bien connu : le storytelling, on n’a rien trouvé de mieux pour enseigner des idées !
Et quand on parle de foot, on augmente encore ses chances de faire mouche !
Pierre Guilbert évoque donc l’exemple de l’équipe de France de Football et sa victoire lors de la coupe du monde de 1998.
Quatre ans plus tard, avec une équipe quasi semblable, l’équipe de France de Foot a été bonne dernière de la phase finale alors qu’elle compte en son sein les meilleurs buteurs des trois principaux championnats européens, le meilleur joueur du monde, et l’un des meilleurs gardiens.
Considérée comme « plus compétente » l’équipe de 2002 a perdu lamentablement.

Conclusion ?
L’explication se trouve ailleurs que dans la compétence des joueurs : dans la motivation, justement.
En 98, ils ont un challenge, un « rendez-vous avec l’Histoire », comme le leur rappelait leur chef Aimé Jacquet.
En 2002, ce sont des stars. Tout a changé.

Management de la motivation – L’exemple d’Aimé Jacquet

Un décodage en 4 séquences

Journaliste cameraman à Canal+, Stéphane Meunier a suivi l’équipe de France de Football durant toute la phase finale de 98 en France.
Il en a sorti un film, édité en DVD, « Les Yeux dans les Bleus » ; plus de deux heures de séquences passionnantes pour un manager.

Les séquences les plus instructives : les briefings d’Aimé Jacquet, l’entraîneur, dans les vestiaires.
On y voit comment un « chef » parle à ses collaborateurs. C’est très peu technique. Il leur parle de volonté, du fait d’y croire, de se retrousser les manches. Que pour gagner, il faut le vouloir.
Ces briefings donnent un point de vue impressionnant sur le climat qui règne dans l’équipe. On perçoit une grande confiance entre eux et une énorme confiance dans l’autorité du chef. Le respect est présent. Jamais, on ne sent de procès d’intention ni de jugements de valeur, même si, parfois, Jacquet ne mâche pas ses mots.

1. Briefing avant le match contre l’Afrique du Sud

Tous les joueurs écoutent leur entraîneur dans un silence de cathédrale.
Aimé Jacquet passe en revue l’ensemble des joueurs. Il les appelle soit par leur prénom, soit par un diminutif, en précisant à chacun qu’il a un rôle crucial à jouer dans l’équipe.
Tout le monde y a sa place, et pas seulement Zidane.
Il leur sort ses recommandations dans le langage d’un chef d’entreprise : « On est ici donnant – donnant… Prenez vos responsabilités ! … Fixez-vous des objectifs, tous ! … Je ne veux voir personne seul dans son coin… Utile pour l’équipe… ».

La séquence se termine par sa reconnaissance du droit à l’erreur, pour autant, bien sûr, que l’on cherche à se corriger. Dugarry et Guivarc’h, deux butteurs, ne marquent plus… « Vous m’avez déjà entendu critiquer ces joueurs, moi ? Jamais ! J’ai un respect pour les attaquants… »
C’est du grand art ! De la virtuosité managériale !

2. La colère de Jacquet

Contre l’Arabie Saoudite, l’équipe joue mal et rentre au vestiaire à la mi-temps. Jacquet est furieux. Il le montre.
Il passe un véritable savon à l’équipe : « Faut pas se laisser prendre, les mecs ! Musclés, les mecs ! Ho ! C’est la gagne ! Si on ne bouge pas, on sort ! Putain de merde ! »
Mais à aucun moment, il ne manque de respect envers qui que ce soit. Tout le monde sait qu’il a raison, que sa colère est légitime.
Ce n’est pas un « petit chef », un contremaître, un adjudant, comme il y en a tant dans certaines entreprises.
Il n’est pas dans l’accablement, dans le harcèlement, mais dans la vérité.
Il dit ce qui doit être dit, et a raison de le dire.
Il a en tout et pour tout moins de dix minutes pour adapter ses consignes, relancer la motivation. S’il ne le fait pas, l’équipe risque de perdre. Et donc de connaître la fin de l’aventure, la faillite.

À l’évidence, il a eu raison de le faire : sans cette colère, l’équipe aurait peut-être été éliminée.

Un petit geste de Jacquet à la fin de cette séquence a toute son importance. Dugarry s’est gravement blessé lors de la première mi-temps. Il rejoint ses copains, ses collègues, dans le vestiaire en pleine engueulade de Jacquet. Et celui-ci lui donne une tape dans le dos. Son management reste humain, malgré la colère. Le langage gestuel ne ment jamais.

3. La carte rouge de Zidane

Foot et Management-ZidaneDans le même match, dès la reprise de la seconde mi-temps, Zidane hérite d’une carte rouge pour une faute inacceptable sur un adversaire. Il s’agit d’une faute professionnelle, non d’un accident.
En étant exclu, Zidane handicape fortement son équipe et met dès lors en danger le reste de l’aventure.
Toutes les caméras le filment en train de quitter le terrain, la tête basse.
Des millions de supporters et téléspectateurs suivent Zidane des yeux.
Le seul à ne pas lui adresser un seul regard est son chef. Il l’ignore.
Jacquet a directement revu son objectif : la victoire avec le reste de l’équipe.
Sa conjonction R / H est là, et plus chez Zidane qui s’est exclu de lui-même.
Jacquet témoigne d’une force manifeste dans le lâcher prise, le recul, la gestion du stress.

4. L’ultime mi-temps

Dans 45 minutes, si tout va bien, la France sera championne du Monde. La première mi-temps vient de se terminer avec deux buts à zéro pour la France contre le Brésil, champion en titre !
Une euphorie extraordinaire règne dans le vestiaire.
Mais il faut rester concentré.
Or, tout a déjà été dit : sur le plan tactique et sur le plan de la motivation. Comment ne pas être super motivé dans un moment pareil ?
Aimé Jacquet se tait et regarde son équipe. Son bonheur se lit dans ses yeux.
Avant de retourner sur le terrain, à moins d’une heure d’une consécration tellement inespérée et pourtant si attendue, les joueurs n’ont plus rien de concret à se dire. Alors ils se tapent dans la main, se cognent les poings, se font l’accolade, s’embrassent.
Dans un silence impressionnant, l’équipe se transcende dans une identité unique, nouvelle, bien au-delà des compétences de chacun.
Sur le terrain, la solidarité sera sans failles.
Et la France gagne.

Et vous, le management que vous pratiquez permet-il à vos troupes de se dépasser ? Vous transporte-t-il aussi parfois aux confins du bonheur ?
Et si vous faisiez le nécessaire pour obtenir le meilleur de vos collaborateurs tout en les rendant heureux.
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Foot et management - dugarry

 

 

One comment

  1. Bonjour Pierre,
    Super article, merci.
    Le respect. Créer un cadre de confiance dans lequel chaque membre à son rôle à jouer et s’y investit. Porter son attention sur l’équipe qui joue le jeu et lui donner son énergie. Même la colère exprimée est faite dans le respect des joueurs et est à la hauteur des ambitions de l’équipe (je dis bien de l’équipe, pas uniquement de Jacquet)
    Voilà un homme Investi d’une mission, qui dépasse la relation qu’il peut avoir avec tel ou tel joueur, pour se mettre au service de son équipe et de sa mission, voilà un homme qui est intransigeant parce qu’il croit en son équipe et son potentiel.
    Souvent, cela se passe dans le silence. Parce qu’à ce moment, on transpire cette mission, cette foi. C’est lorsque nous sommes le message, que nous l’incarnons. C’est probablement l’ultime réalisation en tant que leader. Quand sa présence seule suffit. Et ensuite, quand il a transmis, et qu’il peut faire un pas en arrière, sans manquer à l’équipe.

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